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Myopéricardite
10.11.2025

Un patient de 60 ans consulte les urgences pour une dyspnée en péjoration depuis 1 semaine associée à une toux et une douleur thoracique. 

L’examen clinique et le bilan paraclinique mettent en évidence une pneumonie à Escherichia coli. L’ECG effectué dans ce contexte montre des signes de péricardite. Au vu de l’élévation des troponines, un diagnostic de myopéricardite est retenu.

La myopéricardite est une complication de la péricardite. Le terme de myopéricardite est utilisé lorsqu’il y a des signes de péricardite avec élévation des troponines sans atteinte de la fonction cardiaque. Lorsque l’atteinte de la fonction myocardique prédomine, il faut préférer le terme périmyocardite.

Il existe deux catégories étiologiques. Les causes infectieuses et les non-infectieuses. Les virus sont à l’origine de la plupart des causes infectieuses. Dans les origines non-infectieuses on retrouve des causes oncologiques (secondaire au traitement ou à la tumeur elle-même), des maladies inflammatoires et auto-immunes, des causes métaboliques et traumatiques et certains médicaments et vaccins.

La myopéricardite se manifeste le plus souvent par une douleur thoracique (améliorée par la position assise ou penchée en avant), une dyspnée et une asthénie. La douleur thoracique peut être difficile à différencier d’une douleur liée à un syndrome coronarien aigu, spécialement chez la ou le patient·e connu pour une cardiopathie ischémique.

Au laboratoire, on retrouve le plus souvent une augmentation des paramètres inflammatoires et des troponines. Selon l’étiologie, d’autres valeurs peuvent être perturbées. Les modifications typiques de l’ECG sont une surélévation diffuse du segment ST et un PR descendant. La radiographie du thorax peut montrer un élargissement de la silhouette cardiaque faisant suspecter un épanchement, ou aider dans la recherche de l'étiologie. L’échocardiographie permet de rechercher un épanchement péricardique et de visualiser les répercussions au niveau de la fonction cardiaque. En cas de douleur thoracique rétrosternale, la priorité est d'exclure une coronaropathie par coro-scanner ou coronarographie.

Les nouvelles recommandations de l’European Society of Cardiology sortie en 2025 traite dans un même document de la péricardite et de la myocardite, reflétant leur chevauchement fréquent. Le syndrome inflammatoire myopéricadique (ou IMPS = inflammatory myopericardial syndrome) y est définit. Il inclut un spectre de maladie inflammatoire allant de la péricardite isolée à la myocardite isolée et passant par une combinaison des deux.

La prise en charge des formes mixtes suit les recommandations selon l’atteinte prédominante. Ainsi, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et la colchicine sont recommandés en cas de myopéricardite. Ces traitements doivent être utilisés avec précaution car ne sont pas recommandés pour l’heure en cas d’atteinte myocardique prédominante. En cas d’épanchement péricardique important, un drainage peut s’avérer nécessaire. Enfin, un traitement spécifique de l’étiologie peut s’avérer nécessaire.

Le repos physique est obligatoire pour une durée minimale d’un mois et doit être réévalué de manière individuelle.

Image proposée par l'Hôpital Riviera-Chablais.